On sait que l’Ancien Testament a principalement été écrit en hébreu, avec quelques textes en araméen et en grec (pour les « deutérocanoniques »). Le Nouveau Testament, quant à lui, nous est connu par le texte grec.
Toutefois, la question est un peu plus compliquée, puisque nous n’avons pas forcément conservé les textes dans leur langue originale, comme nous le rappelle Spinoza dans une remarque qui mérité d’être citée :
« Enfin, une autre difficulté d’interpréter, par cette méthode, certains livres de l’Ecriture, provient de ce que nous ne possédons pas ces livres dans la langue où ils ont été écrits primitivement. En effet, l’Evangile selon Matthieu, et sans doute aussi l’Epître aux Hébreux, ont été écrits en Hébreu, selon l’opinion commune. Il n’en reste rien cependant. A l’égard du livre de Job, nous ne sommes pas certains de la langue dans laquelle il a été écrit. Dans ses commentaires, Ibn Ezra affirme qu’il a été traduit d’une autre langue en hébreu, et que telle est la cause de son obscurité. Quant aux livres apocryphes, je n’en dis rien, puisqu’ils sont d’une autorité toute différente. » (1)
Plusieurs commentaires peuvent être faits. On peut constater que l’origine hébraïque de l’Evangile selon Matthieu, effectivement attestée par les Pères de l’Eglise, est considérée comme « l’opinion commune ».
Mais surtout, Spinoza évoque le fait que d’après Ibn Ezra, un des plus grands commentateurs juifs du Moyen Age, le livre de Job, que nous avons conservé en hébreu, n’est qu’une traduction d’un texte écrit originellement dans une autre langue. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que cette opinion est aussi reprise par certains philologues contemporains, dont je présenterai les travaux.
Note
(1) Baruch Spinoza, Traité théologico-politique, VII, IV.