La fin de la royauté davidique et l’exil babylonien

L’exil marque un tournant dans l’histoire du peuple d’Israël puisque la royauté terrestre des davidiques, c’est-à-dire des descendants du roi David, prend fin. Cette chute prépare cependant une nouvelle royauté, celle du Fils de David : Jésus.

 La domination perse

Le récit des Chroniques s’achève avec la chute de Jérusalem qui marque la fin de l’époque monarchique. C’est en 587 av. J.-C. que Judas, le royaume du Sud, passe sous domination babylonienne, mais déjà, depuis 722 av. J.-C., le royaume du Nord avait perdu son indépendance. Toutefois cette domination babylonienne ne dure que peu de temps et en 539 av. J.-C., la Judée devient une possession achéménide.

Les Achéménides

Les Mèdes et les Perses pénètrent à partir du IIe millénaire av. J .-C. dans la partie occidentale du plateau iranien mais ne se stabilisent et ne s’organisent que vers le IXe ou VIIIe siècle av. J.-C. D’abord vassaux de l’empire assyrien, ils finissent par le détruire avec l’aide du royaume babylonien. Vers 555 av. J.-C., Cyrus, secoue le joug mède et fonde la dynastie des Achéménides. La langue administrative est l’araméen et l’empire est divisé en satrapies comme en témoigne le Livre d’Esther.

Les Perses se distinguent par leur religiosité : le mazdéisme. Une importante réforme religieuse menée par Zoroastre (le « Zarathoustra » de Nietzsche) avait eu lieu quelques temps avant la conquête de la Judée et les pharisiens adopteront un certain nombre de croyances zoroastriennes.

Cyrus et le deuxième Temple

Cyrus est très conciliant avec les cultes locaux. Cette attitude favorable se retrouve dans la Bible, puisque le prophète Esaïe le qualifie même de « mashiah » / « christ » (LXX) (Esaïe 45 :1). C’est en effet lui qui va permettre le retour des déportés et la reconstruction du Temple. Le second Temple est inauguré lors de la fête de Pessah 515. Après une période de blocage, Néhémie arrive en 445 av. J.-C. comme « gouverneur de Judée ». Esdras arrive la septième année d’Artaxerxès (398 ou 458av. J.-C.) . C’est ce deuxième Temple qui est encore en activité au moment de la venue de Jésus, même si entretemps d’autres travaux de constructions ont eu lieu. La domination perse prend fin avec les conquêtes d’Alexandre le Grand.

La domination grecque

Après une conquête éclaire, Alexandre confie la direction de la Koilè-Syrie à son général Parménion. Certaines sources évoquent une visite d’Alexandre à Jérusalem, mais la question est très débattue. En revanche, une chose est certaine, Alexandre est vu très positivement dans la littérature rabbinique.

Entre 320 et 301 av. J.-C. la Syrie-Phénicie change plusieurs fois de mains. Tout au long du troisième siècle, cinq guerre syriennes ont lieu, opposants lagides (la dynastie qui règne sur l’Egypte) et séleucides (la dynastie qui règne en Mésopotamie). En 199 av. J.-C., elle passe définitivement sous le contrôle séleucide. Dès 142 av. J-C., cette domination n’est plus que nominale, et les Judéens retrouvent une certaine autonomie.

Antiochus IV, l’ennemi de Dieu 

En 175, un nouveau roi séleucide arrive : Antiochos IV Epiphane. Il veut « hélléniser » le Judée, d’abord de manière pacifique (174-170 av. J.-C.), puis de manière violente (170-167 av. J.-C.).

Antiochos IV prend trois mesures autoritaires :

-il ordonne de dresser un nouvel autel sur l’autel des holocaustes pour accomplir des sacrifices grecs. Il s’agit de « l’abomination de la désolation » (1 Maccabées 1, 57 et Daniel 11, 31 et 12, 11).

-il ordonne d’élever une statue de Zeus Olympien, il autorise la prostitution sacrée et il remplace les fêtes judéennes par des célébrations mensuelles en l’honneur de Dionysos.

-il proscrit la circoncision, l’observance du sabbat et le respect de la pureté alimentaire.

C’est le 26 du mois de kislev qu’aurait eu lieu le premier sacrifice grec sur l’autel, l’« abomination de la désolation ».

La révolte des Maccabées

Les Judéens décident alors de se révolter sous l’impulsion des Maccabées.

On distingue dans cette révolte trois grandes étapes :

-1re étape (167-166 av. J.-C.) : dominée par la figure de Mattathias

-2e étape (166-160 av. J.-C.) : dominée par la figure de Judas

-3e étape (160-142 av. J.-C.)  : dominée par la figure de Jonathan

On peut aussi ajouter une quatrième étape dominée par la figure de Simon (142-134 av. J.-C.) qui instaure la dynastie hasmonéenne.

La royauté hasmonéenne

La prise de pouvoir de Simon ouvre une ère nouvelle pour la Judée. Son second fils, Jean Ier Hyrcan (143-104  av. J.-C)., lui succède. Viennent ensuite Aristobule Ier (104-103 av. J.-C.), fils ainé de Jean Hyrcan, puis un frère cadet, Alexandre Jannée (103-76 av. J.-C.). La veuve de ce frère, Salomé Alexandra (76-67 av. J.-C.) prend le pouvoir politique, tandis que son fils prend aîné, Jean II Hyrcan, prend le pouvoir religieux, mais le fils cadet, Aristobule II, dispute la succession. Enfin le dernier hasmonéen est Antigone Matthatias (40-37 av. J.-C.), un des deux fils d’Aristobule II.

La domination romaine

A son arrive Pompée reconnaît Jean II Hyrcan comme ethnarque et grand prêtre, mais lui retire la dignité de roi. Finalement le Sénat romain décide de nommer Hérode roi des Judéens en 40/39 av. J.-C. C’est ce Hérode qui est roi au moment de la naissance de Jésus : « Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode » (Matthieu 2:1)

La royauté hérodienne n’a aucun fondement traditionnel et dépend uniquement de la décision d’Antoine. C’est en effet uniquement grâce à la protection de Rome que la dynastie hérodienne a réussi à succéder à la dynastie hasmonéenne, et Rome restera toujours en contrôle. En matière de politique extérieure, Hérode est soumis à Rome et sur le plan intérieur, il doit verser un tribut annuel et ne peut frapper que des monnaies de bronze. Des procurateurs impériaux sont affectés auprès d’Hérode pour surveiller les intérêts de Rome.

Un accomplissement prophétique

Enfin il est important de noter qu’après la mort d’Hérode, en 4 av. Jésus-Christ, aucun des ses fils ne reçoit le titre de roi. Ainsi s’accomplit la prophétie de Jacob:

« Le sceptre ne s’éloignera point de Juda, ni le bâton souverain d’entre ses pieds, jusqu’à ce que vienne le Schilo, et que les peuples lui obéissent. » (Genèse 49:10)

Tout au long du ministère de Jésus, il n’y eut donc aucun roi en Judée.

 Conclusion

La royauté davidique terrestre a donc pris fin en 587 et depuis les pouvoirs politiques étrangers se sont succédés en Israël jusqu’à la venue de Jésus. Ces pouvoirs étrangers ont fait naître chez les Judéens une volonté de restauration nationale, qui a pu parfois se concrétiser partiellement. Ils attendaient un Messie qui chasserait les étrangers et rétablirait un pouvoir politique national. Nous verrons cependant, dans les prochains articles, que le programme de Jésus, le Messie attendu, était tout autre. S’Il annonce bien la venue du Royaume de Dieu, ce royaume n’est pas un simple gouvernement terrestre, mais avant tout une réalité spirituelle.

 

A propos David Vincent 300 Articles
Né en 1993, David Vincent est chrétien évangélique et doctorant en sciences religieuses à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (#GSRL). Ses recherches portent sur l’histoire de la théologie chrétienne et de l’exégèse biblique, les rapports entre théologie et savoirs profanes, et l’historiographie confessionnelle. Il est membre de l’association Science&Foi et partage ses travaux sur son blog et sa chaîne Youtube.