Introduction à la Bible : Le Lévitique

Dans ce quatrième article d’introduction à la Bible, je vous propose d’étudier le livre du Lévitique.

Avant de commencer, il faut souligner que tout le livre se situe dans un cadre de pensée et une vision du monde complètement différents des nôtres. Il est donc important de bien comprendre cette conception du monde pour pouvoir correctement étudier ce livre.

Le monde est divisé en deux catégories : le sacré/le saint et le profane. La sainteté est l’essence même de la divinité. Le sacré c’est tout ce qui touche directement à Dieu. Le profane est quant à lui subdivisé en deux états : le pur et l’impur. Le pur peut rentrer en contact avec le saint, mais l’impur et le saint sont inconciliables. Ces états sont par ailleurs contagieux et de ce fait, dangereux. Si l’impur rentre en contact avec le saint, alors celui-ci devient mortel.

Depuis la chute, Dieu est au ciel et l’homme sur Terre. Le saint et le profane ne sont  donc plus directement en contact. Les choses changent lorsque que Dieu choisit de demeurer au milieu du peuple d’Israël. C’est un grand honneur, mais aussi un grand risque pour le peuple hébreu, car ce qui est saint est extrêmement dangereux.

Tout le but du Lévitique est d’expliquer au peuple d’Israël comment vivre avec Dieu, c’est–à-dire comment être saint en tant que peuple. On peut qualifier le Lévitique de manuel de lutte contre l’impureté. Deux questions clefs traversent tout le livre : Comment survient l’impureté ? Comment l’éliminer ?

De ce fait, le Lévitique a comme particularité d’être un livre presque exclusivement législatif, à l’exception d’une courte séance narrative (ch. 8 à 10).

On peut diviser ce livre en quatre grandes parties, auxquelles on ajoute généralement un appendice. Je vous propose donc tout d’abord un plan général du livre, avant de commenter de manière synthétique les différentes parties.

Plan du Lévitique

I. Rituel des sacrifices (ch. 1 à 7)

  1. Les holocaustes (ch. 1)
  2. Les offrandes végétales (ch. 2)
  3. Le sacrifice de communion (ch. 3)
  4. Le sacrifice pour le péché… (ch. 4)
  5. a) du Grand Prêtre (v.1 à 12)
  6. b) de l’Assemblée d’Israël (v.13 à 21)
  7. c) d’un chef (v. 22à 26)
  8. d) d’un membre de la communauté (v. 27 à 35)
  9. Exemples de fautes (ch. 5 v.1-13)
  10. Sacrifice de réparation (ch. 5 v. 14-26)
  11. Le sacerdoce et les sacrifices (ch. 6-7)
  12. L’holocauste (ch. 6 v. 1-6)
  13. L’offrande végétale (ch. 6 v.7-16)
  14. Le sacrifice pour le péché (ch. 6 v. 17-22)
  15. Le sacrifice de réparation (ch. 7 v. 1-7)
  16. Le sacrifice de communion (ch. 7 v. 11-34)

II. Investiture des premiers prêtres (ch. 8-10)

  1. Rites de consécration (ch. 8)
  2. Entrée en fonction des prêtres (ch. 9)
  3. Mort de Nadab et Abihu et réglementations supplémentaires (ch. 10)

III. Les règles sur la pureté et l’impureté (ch. 11 à 16)

  1. Les animaux purs et impurs (ch. 11)
  2. Purification de la femme après l’accouchement (ch. 12)
  3. La « lèpre » (homme, vêtements et maison) (ch. 13-14)
  4. Les impuretés sexuelles (ch. 15)
  5. Le jour du grand pardon (ch. 16)

IV.Règles sur le comportement (ch. 17-26)

  1. Respect du sang (ch. 17)
  2. Respect de l’union conjugale (ch. 18)
  3. Respect de la vie sociale (ch. 19)
  4. Réglementation pénale (ch. 20)
  5. Règles spécifiques aux prêtres (ch. 21 et 22)
  6. Règles concernant les fêtes d’Israël (ch. 23)
  7. Règles concernant le culte (ch. 24)
  8. Règles concernant les années saintes et la propriété (ch. 25)
  9. Conclusion : Rappel de l’alliance. Bénédictions et malédictions (ch. 26)

V. Appendice : l’offrande matérielle : vœu et remerciement (ch. 27)

I. Le rituel des sacrifices

La première partie nous présente cinq types de sacrifices, quatre sacrifices sanglants (mais dont un où il est possible de remplacer l’animal par de la farine) et un non-sanglant (l’offrande végétale).

Offrande/ Communion

Expiation/Absolution
Holocauste Sacrifice de communion Sacrifice pour le péché Sacrifice de réparation
-Gros bétail (taureau)
– Petit bétail(agneau ou chevreau) 
-Gros bétail

-Petit bétail (mouton ou chèvre)

-Pour le Grand Prêtre : un taureau sans défaut

 

-Pour l’ensemble de la communauté d’Israël : un taureau

 

-Pour un chef : un bouc mâle sans défaut

 

-Pour un membre lambda : une chèvre femelle sans défaut

-un bélier sans défaut
Mâle sans défaut

 

Pour les pauvres : oiseau (tourterelle ou pigeon)

 

Mâle ou femelle, sans défaut Variable en fonction des individus

 

Pour les pauvres : deux tourterelles ou deux pigeons,

voire un dixième d’épha de farine

En plus du sacrifice, le coupable doit rembourser la somme avec une majoration de 20%
-Louange/

adoration

-Remerciement

-se nourrir (l’égorgement non sacrificiel est interdit, cf. Lév.17) -Péchés par inadvertance -Fautes qui causent un dommage financier (au Seigneur ou à un compatriote)

Tableau des sacrifices sanglants

Les sacrifices sanglants peuvent être repartis en deux catégories, les sacrifices d’expiation et les offrandes. Les sacrifices d’expiation doivent être offerts suite à faute afin de laver l’impureté, tandis que es offrandes sont là pour maintenir ou rétablir la communion avec Dieu.

Le choix du sacrifice d’expiation dépend de la faute commise et les différentes fautes possibles seront étudiées plus loin.

Il faut cependant remarquer que le sacrifice pour le péché n’est valable que pour les péchés commis par inadvertance. Par ailleurs, dans ce cas, le sacrifice offert ne dépend pas de la gravité du péché, mais de la personne qui a commis ce péché. Le texte envisage quatre cas : le grand prêtre, la communauté d’Israël, un chef et un membre lambda.

« L’Éternel parla à Moïse, et dit: « Parle aux enfants d’Israël, et dis: Lorsque quelqu’un péchera involontairement contre l’un des commandements de l’Éternel, en faisant des choses qui ne doivent point se faire; si c’est le sacrificateur ayant reçu l’onction qui a péché et a rendu par là le peuple coupable, il offrira à l’Éternel, pour le péché qu’il a commis, un jeune taureau sans défaut, en sacrifice d’expiation. (…) 

Si c’est toute l’assemblée d’Israël qui a péché involontairement et sans s’en apercevoir, en faisant contre l’un des commandements de l’Éternel des choses qui ne doivent point se faire et en se rendant ainsi coupable, et que le péché qu’on a commis vienne à être découvert, l’assemblée offrira un jeune taureau en sacrifice d’expiation, et on l’amènera devant la tente d’assignation. (…)

Si c’est un chef qui a péché, en faisant involontairement contre l’un des commandements de l’Éternel, son Dieu, des choses qui ne doivent point se faire et en se rendant ainsi coupable, et qu’il vienne à découvrir le péché qu’il a commis, il offrira en sacrifice un bouc mâle sans défaut. (…)

Si c’est quelqu’un du peuple qui a péché involontairement, en faisant contre l’un des commandements de l’Éternel des choses qui ne doivent point se faire et en se rendant ainsi coupable, et qu’il vienne à découvrir le péché qu’il a commis, il offrira en sacrifice une chèvre, une femelle sans défaut, pour le péché qu’il a commis. » Lévitique 4

Le sacrifice de réparation, comme son nom l’indique, est offert suite aux fautes qui ont entrainé un préjudice « financier » au sens large du terme, que ce soit contre Dieu ou contre son prochain. En plus du sacrifice, la personne doit rembourser la somme perdue avec une majoration de 20%.

Dans les deux cas (sacrifice pour le péché et sacrifice de réparation), il est important de souligner que ces sacrifices d’expiation ne se substituent jamais à une peine, puisque soit ils accompagnent le remboursement de la dette, soit ils purifient des fautes commises par inadvertance.

II. Investiture des premiers prêtres (ch. 8-10)

Les chapitres 8 à 10, nous font le récit de l’investiture des premiers prêtres. Ce texte est en fait la suite du récit arrêté en Exode 40. Le rédacteur a toutefois dû insérer les sept premiers chapitres pour expliquer au lecteur les sacrifices utilisés lors de cette investiture.

Aaron et ses fils sont donc institués prêtres. Toutefois, cet épisode se solde tragiquement puisque deux des fils d’Aaron, Nadab et Abihu meurent « pour avoir apporté un feu étranger à l’autel ».

Leur mort est assez obscure et a fait l’objet de beaucoup de spéculations. Mais comme pour Caïn et Abel, je pense que ce qui compte ici ce n’est pas forcément leur faute précise, auquel cas le narrateur l’aurait précisée de manière très claire, mais plus la leçon générale : toute faute contre le sanctuaire est grave et se solde par une sanction mortelle.

III. Les règles sur la pureté et l’impureté (ch. 11 à 16)

Après cet épisode, on énonce la loi sur le pur et l’impur. On passe en revu les différents cas, en commençant par les animaux.

La question que l’on peut se poser est pourquoi des animaux sont-ils impurs ? Le sont-ils pas nature ou Dieu les déclare-t-Il impurs pour Israël ? Si oui, sur quels critères ?

Je pense que pour la première question, la réponse est assez claire. Ces animaux ne sont pas impurs par nature, mais ils ont été déclarés tel par Dieu pour Israël. Deux éléments principaux permettent d’arriver à cette conclusion :

  • Le récit de création où Dieu dit que « Tout était bon ».
  • La vision de Pierre (Actes 10)

« Le lendemain, comme ils étaient en route, et qu’ils approchaient de la ville, Pierre monta sur le toit, vers la sixième heure, pour prier. Il eut faim, et il voulut manger. Pendant qu’on lui préparait à manger, il tomba en extase. Il vit le ciel ouvert, et un objet semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, qui descendait et s’abaissait vers la terre, et où se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel. Et une voix lui dit: Lève-toi, Pierre, tue et mange. Mais Pierre dit: Non, Seigneur, car je n’ai jamais rien mangé de souillé ni d’impur. Et pour la seconde fois la voix se fit encore entendre à lui: Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé. Cela arriva jusqu’à trois fois; et aussitôt après, l’objet fut retiré dans le ciel. » Actes 10 : 9-16.

La question est maintenant de savoir quels sont les critères retenus pour distinguer les animaux purs et impurs. Quatre explications sont généralement avancées :

  1. Arbitraire. La décision de Dieu est purement arbitraire et est simplement là pour apprendre à Israël l’obéissance
  2. Symbolique. C’est l’explication favorite des Pères de l’Eglise. Ces interdits ont un sens allégorique.
  3. Hygiéniste. Ces interdits sont là par mesure d’hygiène.
  4. Séparatiste. Ces interdits contrastent avec les peuples aux alentours. Les animaux que les Israélites pouvaient sacrifier étaient considérés comme sacrés par les Egyptiens (cf Exode 8 : 26), tandis que réciproquement l’archéologie montre que les sacrifices de porcs étaient couramment pratiqués par certains voisins d’Israël.

Personnellement, j’ai une légère préférence pour la quatrième explication, même si nous manquons encore un peu de données, mais il faut souligner que ces quatre explications ne s’excluent pas mutuellement et qu’elles peuvent être complémentaires.

Le chapitre suivant (ch. 12) traite de l’accouchement. Ce texte est intéressant et deux points méritent d’être relevés :

  1. L’accouchement rend la femme impure. Le temps de l’impureté dépend du sexe de l’enfant : 40 jours (7+33) pour un garçon et 80 jours (14 + 66) pour une fille.
  2. La purification de la femme inclut un sacrifice pour le péché.

Ces deux éléments nous montrent bien que les notions de pur et d’impur ne recoupent pas exactement nos notions de bien et mal, puisqu’il est évident qu’accoucher n’est pas mal et qu’accoucher d’une fille n’est pas deux fois plus mal qu’accoucher d’un garçon !

Par ailleurs, le fait que cela nécessite un sacrifice pour le péché montre aussi que la définition biblique du « péché » ne correspond pas à l’idée que nous nous en faisons couramment.

La troisième section de l’impureté concerne la « lèpre » (homme, vêtements et maison) (ch. 13-14). Je mets le terme entre « guillemets » car il est couramment utilisé dans nos traductions françaises, mais il ne correspond pas exactement à ce que nous appelons aujourd’hui « la lèpre ». On voit en effet que la « lèpre biblique » touche la peau, mais peut aussi s’étendre aux vêtements et aux habitations.

Le chapitre 15 traite des impuretés sexuelles. Ces impuretés ne sont pas des fautes à proprement parler, mais des souillures.

Enfin cette section du pur et de l’impur se termine par le rituel du jour du grand pardon (ch. 16). Ce rituel annuel a pour but de purifier toute la communauté d’Israël de l’ensemble de ses péchés. Il se déroule en trois temps. Le Grand Prêtre commence par offrir un sacrifice pour le péché pour lui-même et pour le peuple. Ensuite, un bouc est envoyé « pour Azazel ». Enfin, deux holocaustes sont offerts, un pour le Grand Prêtre et un pour le peuple.

Le texte nous décrit l’envoi du bouc « pour Azazel » de la manière suivante :

« Lorsqu’il aura achevé de faire l’expiation pour le sanctuaire, pour la tente d’assignation et pour l’autel, il fera approcher le bouc vivant. Aaron posera ses deux mains sur la tête du bouc vivant, et il confessera sur lui toutes les iniquités des enfants d’Israël et toutes les transgressions par lesquelles ils ont péché; il les mettra sur la tête du bouc, puis il le chassera dans le désert, à l’aide d’un homme qui aura cette charge. Le bouc emportera sur lui toutes leurs iniquités dans une terre désolée; il sera chassé dans le désert. Aaron entrera dans la tente d’assignation; il quittera les vêtements de lin qu’il avait mis en entrant dans le sanctuaire, et il les déposera là. Il lavera son corps avec de l’eau dans un lieu saint, et reprendra ses vêtements. Puis il sortira, offrira son holocauste et l’holocauste du peuple, et fera l’expiation pour lui et pour le peuple. Il brûlera sur l’autel la graisse de la victime expiatoire. Celui qui aura chassé le bouc pour Azazel lavera ses vêtements, et lavera son corps dans l’eau; après cela, il rentrera dans le camp » Lévitique 16 :20-26.

Ce rituel extrêmement étrange est unique dans tout le Lévitique. Il n’est pas impossible que cette pratique soit la survivance d’un ancien rituel pré-israélite. Ce que l’on peut dire avec certitude c’est que ce bouc n’est pas sacrifié et qu’il n’est pas non plus destiné à Dieu, bien que le terme « d’Azazel » soit très mystérieux.

IV. Règles sur le comportement (ch. 17-26)

La quatrième partie régit le comportement individuel et collectif des Israélites. Le premier chapitre (ch. 17) concerne le respect du sang. Ce chapitre est particulièrement intéressant car il nous révèle la conception biblique du sang :

« Car la vie de toute chair, c’est son sang, qui est en elle. C’est pourquoi j’ai dit aux enfants d’Israël: Vous ne mangerez le sang d’aucune chair; car la vie de toute chair, c’est son sang: quiconque en mangera sera retranché. » Lévitique 17 : 14

Aujourd’hui, nous associons souvent le sang à la mort. Mais bibliquement, le sang est au contraire associé à la vie. Cette différence peut nous apparaître anodine, mais elle change en réalité complètement la compréhension des rituels d’absolution où le sang est requis. Le sang n’est pas un symbole de mort, mais un symbole de vie.

Le chapitre suivant (ch. 18) traite de la sexualité en listant toutes les unions interdites. Il est interdit de coucher avec un certain nombre de parents proches (mère, sœur, tante, etc.), on notera cependant une absent : la fille, ce qui a suscité de nombreux débats entre commentateurs. Il est aussi interdit de coucher avec une personne du même sexe ou un animal. Toutefois, au milieu de tous ces interdits, figure un verset qui paraît à priori un peu à part et sur lequel j’aimerais revenir :

« Tu ne livreras aucun de tes enfants pour le faire passer à Molek, et tu ne profaneras point le nom de ton Dieu. Je suis l’Éternel. » Lévitique 18 : 21

En effet, il faut préciser qui est molek. On a souvent cherché un autre dieu, mais aucun ne répond à ce nom. En réalité, l’explication est ailleurs.

Pour comprendre de qui Il s’agit, et donc le sens du verset, Il faut savoir que l’hébreu est une langue consonantique, c’est-à-dire qu’on écrit que les consonnes et que les voyelles sont sous-entendues. Pour illustrer cela simplement, je prendrais un exemple en français. Imaginons que nous écrivions, nous pourrions avoir le mot « bnn ». En voyant ces lettres, vous pouvez vocaliser avec « aae », ce qui donnera le mot « banane ». Mais vous pouvez aussi vocaliser avec « oe », ce qui donne alors le mot « bonne ».

Pour ce qui est de la Bible, la vocalisation du texte hébreu a été effectuée au Moyen Age par des scribes juifs qu’on appelle les massorètes. Cependant, ceux-ci ont parfois mis volontairement de fausses vocalisations pour cacher certaines choses qu’ils jugeaient scandaleuses. Leur technique était alors de remplacer la vraie vocalisation par le couple de voyelle « oe » et c’est exactement ce que nous avons dans ce verset. Je donnerai par ailleurs d’autres exemples dans de prochains articles.

Ici, le texte consonantique est composé de trois lettres « m-l-k ». Les massorètes ont vocalisé avec « oe », ce qui donne « molek » et ce qui surtout ne veut rien dire. En réalité, la vraie vocalisation de ce terme, et les Septante l’ont compris ainsi, est « ee », ce qui donne « mélek ». Or, « Mélek » veut dire « roi » et qui est le roi ? C’est le dieu national, c’est à dire, pour Israël, YHWH.

Ce verset condamne donc les sacrifices d’enfants que les Israélites pourraient faire, en imitation de leurs voisins, à YHWH. Cette explication correspond d’ailleurs bien avec la fin du verset qui précise que, loin d’honorer Dieu, ces sacrifices « profanent son nom ».

On verra cependant que dans l’histoire d’Israël cette interdiction n’a malheureusement pas été totalement respectée.

Le chapitre suivant (ch. 19) évoque toutes sortes de règles qui régissent la vie en société. A titre d’exemple :

« Quand vous ferez la moisson dans votre pays, tu laisseras un coin de ton champ sans le moissonner, et tu ne ramasseras pas ce qui reste à glaner. Tu ne cueilleras pas non plus les grappes restées dans ta vigne, et tu ne ramasseras pas les grains qui en seront tombés. Tu abandonneras cela au pauvre et à l’étranger. Je suis l’Éternel, votre Dieu. » Lévitique 19 : 9-10.

Le chapitre 20 reprend des interdits énumérés précédemment mais en y ajoutant une peine. La plupart du temps, il s’agit de la mort et parfois, le mode d’exécution est précisé. Les chapitres 21 et 22 abordent les règles spécifiques aux prêtres (ch. 21 et 22). Elles concernent en particulier deuil, le mariage et la consommation des aliments saints. On voit que les prêtres sont soumis à des conditions plus sévères que le reste du peuple, tandis que le grand prêtre est lui-même soumis à des conditions encore plus sévères que les prêtres.

Les chapitres suivants (23, 24 et 25) traitent des différentes fêtes d’Israël. Ce sujet assez complexe sera abordé dans un autre article. Enfin, le chapitre 26 sert de conclusion. Dieu rappelle son alliance avec Israël, ainsi que ses conséquences en évoquant les bénédictions et les malédictions attachées à cette alliance.

On remarque cinq menaces successives toujours plus fortes. Ces châtiments ont néanmoins comme but ultime de conduire Israël à la repentance et cette déclaration se termine par un message positif : Dieu restera fidèle à son alliance.

V. Appendice : l’offrande matérielle : vœu et remerciement (ch. 27)

Enfin le dernier chapitre du Lévitique, qui arrive un peu en « appendice », reflète les anciennes pratiques d’Israël, datant probablement de la période des Juges, et aborde la question des offrandes votives et des remerciements.

Il était en effet courant à cette époque de promettre quelque chose à Dieu s’Il exauce une demande. C’était ce que l’on appelle le sacrifice votif. Beaucoup de « choses » peuvent être promises à Dieu. Il peut s’agir d’animaux, de biens matériels et même d’êtres humains. C’est en effet le seul cas où, dans la Bible, les sacrifices humains sont autorisés.

« Tout ce qu’un homme dévouera par interdit à l’Éternel, dans ce qui lui appartient, ne pourra ni se vendre, ni se racheter, que ce soit une personne, un animal, ou un champ de sa propriété; tout ce qui sera dévoué par interdit sera entièrement consacré à l’Éternel. Aucune personne dévouée par interdit ne pourra être rachetée, elle sera mise à mort. » Lévitique 27 : 28-29.

Lorsque nous aborderons, les livres historiques dans un prochain article, nous verrons que nous avons au moins un exemple de cette pratique.

A propos David Vincent 300 Articles
Né en 1993, David Vincent est chrétien évangélique et doctorant en sciences religieuses à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (#GSRL). Ses recherches portent sur l’histoire de la théologie chrétienne et de l’exégèse biblique, les rapports entre théologie et savoirs profanes, et l’historiographie confessionnelle. Il est membre de l’association Science&Foi et partage ses travaux sur son blog et sa chaîne Youtube.