En ce vendredi saint, nous commémorons la mort de Jésus sur la croix. Si la crucifixion de Jésus est un événement historique bien attesté et reconnu par les chrétiens, les juifs ou les personnes sans confession particulière, son interprétation est objet de foi et de débat.
Pourquoi Jésus est-il mort ? Pour un non chrétien, cette mort est simplement un échec. Certes, on peut reconnaître que Jésus était un réformateur religieux, on peut l’admirer ou le décrier, mais son action a été arrêtée par cette exécution.
Pour les chrétiens, au contraire, cette mort est volontaire et salvatrice. Loin d’être un échec, la crucifixion et la résurrection constituent un nouveau départ pour l’humanité.
C’est ce que j’aimerais expliquer dans cet article.
Un merveilleux plan et un mauvais choix
Dieu avait créé l’homme à son image (Genèse 1 : 27). Celui-ci était appelé à devenir héritier de Dieu (Romains 8 : 17). Pour ce faire, il était nécessaire que Dieu le crée libre, en lui donnant la possibilité de choisir entre le bien et le mal, c’est-à-dire l’obéissance ou la désobéissance à Dieu.
Cette liberté d’obéir ou de désobéir était risquée puisqu’elle impliquait que l’homme puisse faire le mauvais choix… et c’est malheureusement ce qui s’est passé.
L’homme a choisi de désobéir à Dieu et par cette désobéissance il a fait entrer le mal dans le monde. C’est ce que nous appelons le péché.
Ce péché constitue une barrière de séparation entre Dieu et l’homme :
« Non, la main de l’Éternel n’est pas trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre. Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu; ce sont vos péchés qui vous cachent Sa Face et l’empêchent de vous écouter. » Esaïe 59 : 1-2.
La nécessité d’une intervention divine
Dieu aurait pu en rester là et abandonner l’humanité à son triste sort. Toutefois, par amour pour nous et pour réaliser Son Plan glorieux, Il a décidé d’intervenir en détruisant le péché. Cependant, puisque le péché est lié à l’humanité, il n’était pas possible de détruire l’un sans détruire l’autre.
Seule la mort peut mettre fin au péché, mais en mettant fin au péché, Dieu mettait fin à l’humanité. Certes le péché aurait pris fin, mais l’humanité aurait aussi été détruite et le plan de Dieu n’aurait pas pu s’accomplir.
Il fallait donc trouver une solution pour détruire le péché, tout en préservant l’humanité.
Le déluge
Dieu est donc intervenu une première fois en envoyant un déluge pour éliminer le péché et détruire tout ce mal. Mais si Dieu avait simplement envoyé ce déluge, alors Il aurait aussi détruit toute la race humaine et Son Plan ne se serait pas accompli.
Pour éviter cela, Dieu a ordonné à Noé de construire une arche dans laquelle il pourrait trouver refuge lui et sa famille pendant que le déluge s’abattrait sur Terre. Noé et sa famille n’ont donc pas échappé au déluge, mais ils en ont été protégés, puisqu’ils se trouvaient à l’intérieur de l’arche. Ainsi, ils ont pu survivre au déluge et repeupler ensuite toute la Terre. Le jugement de Dieu s’est exercé, mais l’humanité n’a pas été détruite.
Cette arche était déjà une préfiguration de Christ et de ce qu’il a accompli sur la croix. Le chrétien n’a pas échappé au jugement de Dieu qui s’est abattu sur tous les hommes, car ce jugement était nécessaire à la destruction du péché.
Mais le chrétien a été protégé de ce jugement grâce à Christ. Tout comme Noé a pu survivre au déluge parce qu’il se trouvait à l’intérieur de l’arche, le chrétien, à son tour, peut survivre au jugement de Dieu en étant caché en Christ.
« Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu vivant quant à l’Esprit, dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu se prolongeait, aux jours de Noé, pendant la construction de l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, c’est-à-dire huit, furent sauvées à travers l’eau. Cette eau (du déluge) était une figure du baptême, qui n’est pas la purification des souillures du corps, mais l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu, et qui maintenant vous sauve, vous aussi, par la résurrection de Jésus Christ » 1 Pierre 3 : 18-21.
Toutefois, cette préfiguration a ses limites. Une fois le déluge terminé, Noé sort de l’arche, replante des vignes et devient ivre. Cette ivresse donne lieu à un premier péché de la part d’un de ses fils et très vite le mal se répand à nouveau sur Terre. Le déluge a « remis les compteurs à zéro », mais n’a pas pu résoudre le problème de fond. Il fallait donc une autre solution.
La solution à ce problème : incarnation-crucifixion-résurrection
Cette solution, Dieu l’a trouvée dans l’incarnation. Dieu a envoyé sur Terre Sa Propre Parole. Celle-ci a pris la forme humaine et a été connue sous le nom de Jésus de Nazareth.
Le but de cette incarnation était double :
- détruire le péché
- créer une nouvelle humanité qui pourrait vivre sans péché.
Ce double but correspond à deux étapes bien distinctes du plan de salut : la mort et la résurrection de Jésus.
« Car si, lorsque nous étions ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils (a), à plus forte raison, étant réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie (b). » Romain 5 : 10.
Tant que le péché subsistait, la relation avec Dieu était coupée. Il fallait donc d’abord détruire le péché pour rétablir cette relation. Cela s’est fait par la mort de Jésus, c’est la réconciliation (aussi appelée justification). Le but de cette mort était de détruire le péché qui était en nous :
« Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché » Romains 8 : 3
Cela avait déjà été annoncé longtemps à l’avance par les prophètes :
« Qui a cru à ce qui nous était annoncé? Qui a reconnu le bras de l’Éternel? Il s’est élevé devant lui comme une faible plante, Comme un rejeton qui sort d’une terre desséchée; Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, Et son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé et abandonné des hommes, Homme de douleur et habitué à la souffrance, Semblable à celui dont on détourne le visage, Nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas. Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, C’est de nos douleurs qu’il s’est chargé; Et nous l’avons considéré comme puni, Frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » Esaïe 53 : 1-5.
Toutefois, cette première étape est nécessaire mais pas suffisante. En effet, si le péché est simplement détruit, comme au temps de Noé, mais que rien d’autre ne change, il réapparaitra rapidement.
Une deuxième étape est donc nécessaire, le changement de vie :
« J’ai été crucifié avec Christ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi. » Galates 2 :20
Seul le fait de recevoir la vie de Christ, nous permet d’être définitivement débarrassé du péché. Cette vie permet de passer d’une ancienne humanité à une nouvelle humanité. Paul l’explique très bien dans son épître aux Corinthiens :
« C’est pourquoi il est écrit: Le premier homme, Adam, devint une âme vivante. Le dernier Adam est devenu un esprit vivifiant. Mais ce qui est spirituel n’est pas le premier, c’est ce qui est animal; ce qui est spirituel vient ensuite. Le premier homme, tiré de la terre, est terrestre; le second homme est du ciel. Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres; et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes.» 1 Corinthiens 15 : 45-48
Dans ce passage, Jésus est qualifié de « dernier Adam ». En venant sur Terre, il a mis fin à la première race tirée du sol pour créer une seconde race issue du ciel. Cet enseignement n’a cependant rien de nouveau, ce n’est pas une invention paulinienne. Jésus enseignait déjà exactement la même chose à Nicodème :
« Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’en haut, il ne peut voir le royaume de Dieu. » Jean 3 :3
Cette nouvelle naissance, suppose au préalable une mort et c’est tout le sens du baptême. Nous mourrons avec Christ, pour ressusciter avec lui. Tout cela est résumé par l’apôtre Paul dans son épître aux Romains :
« Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. En effet, si nous sommes devenus une même plante avec lui par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection, sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, pour que nous ne soyons plus esclaves du péché; car celui qui est mort est libre du péché. Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, sachant que Christ ressuscité des morts ne meurt plus; la mort n’a plus de pouvoir sur lui. Car il est mort, et c’est pour le péché qu’il est mort une fois pour toutes; il est revenu à la vie, et c’est pour Dieu qu’il vit. » Romains 6 : 3-10.
Conclusion
En conclusion, nous pouvons dire que pour comprendre la mort de Jésus, il nous faut partir de l’origine, du plan même de Dieu. Nous pouvons résumer cela en six grandes étapes :
- Dieu a créé l’homme libre pour que celui-ci devienne fils de Dieu
- L’homme a usé de sa liberté pour se détourner de Dieu et faire le mal
- Ce péché a créé une séparation entre Dieu et l’homme
- Jésus est venu sur Terre pour se solidariser avec l’humanité perdue
- Dieu, grâce à cette solidarité, a pu détruire le péché en frappant Jésus sur la croix
- Jésus est ensuite ressuscité pour créer une nouvelle humanité
Chacune de ces étapes peut-être résumée par un mot clef :
- Création
- Rébellion
- Séparation
- Incarnation
- Réconciliation
- Nouvelle création
« Cette parole est certaine: Si nous sommes morts avec lui (Jésus), nous vivrons aussi avec lui (Jésus). » 2 Timothée 2 : 11.
Joyeuses Pâques à tous !