La pédagogie divine

Dans cet article, j’aimerais développer une notion à laquelle j’ai déjà fait plusieurs fois allusion et qui me semble capitale pour la compréhension des Ecritures, c’est ce que j’appelle la pédagogie divine. C’est-à-dire le langage et les moyens dont Dieu se sert pour éduquer les hommes.

Homme individuel et homme corporatif

Cette notion repose sur un concept fondamental, celui de l’homme corporatif. L’humanité ce n’est pas seulement des milliards d’individus, mais c’est aussi, du point de vue de Dieu, UN homme corporatif. Cet homme suit les mêmes stades de croissance que l’être humain en tant qu’individu. Au cours des âges, l’humanité croît et grandit, son but étant d’atteindre le stade de maturité auquel Dieu l’appelle.

Tolérance et comportement

Nos attentes et nos exigences s’adaptent en fonction de l’âge. Il y a des choses qu’on tolère pour un jeune enfant et que l’on n’acceptera plus pour un adolescent ou un adulte. A l’inverse, il y a des choses interdites aux enfants et autorisées aux plus grands. Ainsi, lors du fameux repas de famille qui commence à midi et qui se termine en fin d’après midi, on n’exigera pas d’un enfant de 4/5 ans qu’il reste 5 ou 6 heures assis à table. On comprend facilement qu’à cet âge, il ait besoin de bouger. Inversement, cet enfant devra certainement se contenter d’eau (ou d’une autre boisson non-alcoolisée), tandis que les adultes accompagneront leur repas avec du vin.

De la même manière, dans l’histoire de l’humanité, Dieu a pu tolérer des choses en raison de la « jeunesse » de l’être humain sans nécessairement les approuver. Ainsi en est-il de la polygamie ou du divorce. Réciproquement, d’autres choses ont pu être interdites, car l’Homme était « trop jeune ».

Langage biblique

La différence d’âge influe aussi sur la manière dont on s’adresse à une personne. Ainsi une maman à qui son petit garçon de 3 ans demande : « Maman, comment on fait les bébés ? », n’aura certainement pas la même réponse qu’un professeur de biologie qui s’adresse à une classe de collégiens. Sans forcément considérer qu’un des deux aurait menti, on peut dire que chacun aura adapté sa réponse à son public.

Encore une fois, Dieu n’agit pas différemment et lorsqu’Il s’adresse aux hommes, Il doit s’abaisser à leur niveau pour se faire comprendre d’eux. C’est la base même de l’Incarnation.

Toutefois cet abaissement n’a d’intérêt que s’il parvient à faire progresser l’Homme. Si Dieu s’abaisse jusqu’à l’Homme, ce n’est pas pour laisser l’Homme dans son abaissement, mais le prendre « par la main » et le mener jusqu’à Lui.

Tout en se faisant comprendre de l’Homme, Dieu doit donc aussi lui montrer les limites de cette compréhension et le fait que celle-ci soit elle-même amenée à progresser. Cela implique donc l’existence d’un « double langage », que l’on retrouve dans les Ecritures.

Langage immédiat et « langage futur »

La période de rédaction des Ecritures est assez longue, mais le temps qui sépare notre génération des derniers écrits, l’est encore plus. Or, pour que l’Ecriture soit constamment valable, il était nécessaire qu’elle puisse s’adresser à chaque génération et donc, qu’elle contienne des paroles destinées à « tous les âges » de l’humanité. Ainsi les prophètes, les apôtres et Jésus lui-même, tout en employant un langage adapté à leur temps pour parler de Dieu, montre aussi que ce langage est limité et qu’il faut aller plus loin.

Pour saisir pleinement le message de l’Evangile, il est nécessaire de faire une distinction méticuleuse entre ces différents passages. Sans cela, on reste bloqué à une compréhension archaïque (au sens premier du terme) de Dieu, loin de la vraie connaissance qu’attend le Père.

« Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » Jean 17:3

Conclusion : La clef des Ecritures

La question que l’on peut alors se poser est : comment faire cette distinction ? En réalité Jésus lui-même nous donne la réponse :

« Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, Jésus leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. » Luc 24 : 27

Les Ecritures témoignent de Jésus et Jésus lui-même nous révèle le Père, dont il est l’image parfaite. C’est à travers cette révélation que tout doit être compris.

Avez-vous déjà remarqué que la plupart des prophéties messianiques ne sont compréhensibles qu’après la venue de Jésus, et à la lumière de celle-ci ? De la même manière, ce n’est qu’à la lumière de la révélation du Père que nous pourrons pleinement apprécier chaque verset des Ecritures et en saisir correctement le sens.

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A propos David Vincent 300 Articles
Né en 1993, David Vincent est chrétien évangélique et doctorant en sciences religieuses à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (#GSRL). Ses recherches portent sur l’histoire de la théologie chrétienne et de l’exégèse biblique, les rapports entre théologie et savoirs profanes, et l’historiographie confessionnelle. Il est membre de l’association Science&Foi et partage ses travaux sur son blog et sa chaîne Youtube.