Mon attitude face à l’Ecriture

Pour terminer cette série sur l’inspiration et l’interprétation des Ecritures (la Bible), j’aimerais évoquer ma propre attitude devant ces Ecritures. Avant de récapituler les points importants que j’ai développés tout au long de cette série, je reviendrai sur une remarque, qui m’a été faite par plusieurs personnes, concernant ma façon de m’exprimer.

Première ou troisième personne ?

Un égo surdimensionné ?

Plusieurs personnes m’ont fait remarquer que j’utilisais très fréquemment la première personne pour exprimer mes croyances, ce qui contraste avec l’attitude et l’habitude de nombreux chrétiens évangéliques. Ainsi, plutôt que de dire « la Bible dit » ou « la Parole de Dieu dit », j’utilise souvent  des mots ou expressions tel que : « je », « il me semble », « à mon avis », ou d’autres termes qui mettent en avant la subjectivité de mes propos.

Un usage réfléchi

Cela n’est pas une erreur ou une maladresse de ma part, ni même le reflet d’un égo surdimensionné (même si certains le pensent), mais bien au contraire une claire volonté de ma part, issue d’une longue réflexion, de distinguer nettement mes opinions personnelles et la Parole de Dieu.

Si j’écris des articles sur ce blog, c’est bien évidemment parce que je pense que mes réflexions et mon travail peuvent être profitables à d’autres. Cela fait déjà plusieurs années que j’étudie longuement les Ecritures et l’histoire de l’Eglise, et je passe actuellement la plus grande partie de mon temps, aussi bien dans le cadre de mes études que dans ma vie personnelle, à lire et étudier des textes en rapport avec le christianisme. Tout ceci contribue bien évidemment à nourrir ma réflexion personnelle. Néanmoins, en définitif, je ne veux pas prendre le risque de faire passer mes propres conclusions pour la Parole de Dieu.

« La Parole de Dieu dit… »

A l’inverse, je trouve que beaucoup de chrétiens utilisent trop facilement l’expression « la Parole de Dieu dit » pour exprimer leur propre compréhension des Ecritures. Certes, ils sont sincères et pensent être fidèles à la Parole de Dieu, mais prenons un sujet aussi central que le salut. En restant uniquement dans le monde évangélique, nous pouvons facilement compter quatre ou cinq positions théologiques différentes. Cela signifie qu’au moins quatre pasteurs se trompent et si chaque pasteur affirme que « la Parole de Dieu dit… » (remplacez les trois petits points par l’opinion théologique du pasteur), cela implique qu’au moins quatre des cinq pasteurs ont abusivement élevé leur propre compréhension de la Bible, qui se révèle finalement fausse, au rang de « Parole de Dieu ». Ainsi, ils ont donc attribué à Dieu des pensées qu’Il n’a jamais eues … quelle grande responsabilité !

A titre personnel, je ne préfère donc pas prendre un tel risque. Et si, bien évidemment, je pense être fidèle à Jésus dans mon interprétation de la Bible, je préfère toujours, par mon expression, signifier clairement, qu’en définitif, toutes les analyses que je propose ne sont que ma propre compréhension de la révélation. Ainsi, même si je me trompe, je n’aurais jamais imputé à Dieu une opinion qu’Il n’a pas eue.

A retenir

Cela étant dit, j’aimerais maintenant terminer cette série en rappelant les grands points que j’ai voulu développer.

Un juste milieu face à deux extrêmes

Les Ecritures, la Bible, sont inspirées de Dieu. Elles sont issues de la coopération entre Dieu et les hommes. Il faut donc se garder de deux extrêmes : le fondamentalisme, qui néglige la part humaine, et le libéralisme, qui néglige la part divine.

Une révélation progressive…

Les Ecritures s’inscrivent dans l’histoire. La révélation biblique n’est pas intemporelle. Elle constitue une progression tout au long de l’histoire et chaque texte doit être interprété à la lumière de la place qu’il occupe au sein de cette révélation.

… et christocentrique

Les Ecritures témoignent de Christ. L’interprétation de l’Ecriture doit donc être christocentrique. Nous devons chercher le sens littéral de chaque passage, mais nous devons aussi voir comment il s’inscrit dans la révélation de Christ.

La nécessité d’une perspective historique

Notre interprétation de l’Ecriture dépend beaucoup de notre propre mentalité. Notre première impression, ou ce qui nous semble évident, n’est pas forcément l’interprétation la plus fidèle à l’auteur biblique. Celui-ci vivait dans un contexte qui nous est totalement étranger, son système de pensée et ses catégories intellectuelles différent des nôtres. Ne pas tout prendre au sens littéral ne constitue pas forcément une infidélité au texte biblique ou un rabaissement de celui-ci, bien au contraire.

Conclusion

Enfin, en conclusion de cette série, je reprendrai une image proposée par Albert Benjamin Simpson dans son livre Lui-Même (1) :

« Un jour j’ai vu une photo de la Constitution des Etats-Unis qui était gravée avec beaucoup d’habileté dans un plat en cuivre de telle sorte que lorsqu’on la regardait de près, on ne voyait qu’un simple texte, mais en reculant, on voyait apparaître le visage de George Washington. A cette distance, le visage ressortait de l’ombre des lettres, et j’ai vu la personne, pas les mots, pas les idées; et j’ai pensé, « C’est de cette façon qu’il faut considérer les Ecritures et comprendre les pensées de Dieu pour voir le visage d’amour, illuminé de part et d’autre; pas des idées, ni des doctrines, mais Jésus Lui-même en tant que la Vie, la Source et la Présence qui soutient toute notre vie. »

Note

(1) : Le texte complet est disponible ici

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Sommaire de la série :

L’inspiration et l’interprétation de la Bible

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Vérité, histoire et symbole

 

A propos David Vincent 300 Articles
Né en 1993, David Vincent est chrétien évangélique et doctorant en sciences religieuses à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (#GSRL). Ses recherches portent sur l’histoire de la théologie chrétienne et de l’exégèse biblique, les rapports entre théologie et savoirs profanes, et l’historiographie confessionnelle. Il est membre de l’association Science&Foi et partage ses travaux sur son blog et sa chaîne Youtube.