Quelle(s) différence(s) entre catholiques et protestants ?

Catholiques, protestants et orthodoxes

Le christianisme est divisé en trois grandes confessions : catholicisme, protestantisme et orthodoxie. En Occident, ce sont surtout les deux premières qui sont connues, au moins de nom.

En effet, si les gens connaissent en général l’existence des catholiques et des protestants, la plupart des personnes ne savent pas exactement en quoi ces groupes diffèrent.

On pourrait bien sûr faire une liste et citer le caractère propitiatoire de la Messe, le culte de la Vierge Marie et des saints, l’existence du Purgatoire, etc.

Mais cette liste serait très longue et risquerait d’être incomplète, d’autant qu’il existe au sein même du protestantisme une grande diversité de dénominations avec là encore de nombreuses opinions différentes en matière de croyances et de pratiques. De plus cette liste serait un simple catalogue et n’expliquerait pas le pourquoi de ces divergences.

Qu’est-ce que l’Eglise ?

En réalité il existe un point fondamental qui distingue les trois grandes confessions chrétiennes et qui est la source de toutes les divergences : l’Eglise.

En effet chaque grande confession chrétienne se distingue par son ecclésiologie, c’est-à-dire sa conception de l’Eglise. Ce point est fondamental car il conditionne la réponse à une question : Qui a autorité pour définir les croyances et les pratiques du fidèle ?

L’Eglise catholique romaine, comme les Eglises orthodoxes, a une vision cléricale de l’Eglise. C‘est à-dire qu’elle divise les croyants en deux catégories : les membres de la hiérarchie ecclésiastique (diacres, prêtres, évêques), qui reçoivent l’ordination, et les laïcs.

Par ailleurs, à la différence des Eglises orthodoxes, l’Eglise catholique romaine considère qu’il y a un évêque au dessus de tous les autres, celui de Rome, et que celui-ci est la tête visible de l’Eglise. De ce fait il est doté de certaines prérogatives, dont l’infaillibilité pontificale, une croyance développée au Moyen-Âge et reconnue officiellement comme dogme de l’Eglise par le Concile Vatican I.

Ainsi, le Catéchisme de l’Eglise catholique affirme :

« Le Christ a confié aux apôtres et à leurs successeurs la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner en son nom et par son pouvoir (…) il y a des fidèles qui appartiennent à l’une et l’autre catégorie (hiérarchie et laïcs) (…) Le Seigneur a fait du seul Simon, auquel Il donna le nom de Pierre, la pierre de son Eglise. Il lui en a remis les clefs ; Il l’a institué pasteur de tout le troupeau (…) Cette charge pastorale de Pierre et des apôtres appartient aux fondements de l’Eglise. Elle est continuée par les évêques sous la primauté du Pape. » (1)

De leur côté, les protestants considèrent qu’il n’y a pas de distinction de nature entre laïcs et clercs et prônent au contraire le sacerdoce universel : tous les chrétiens sont prêtres. Cette différence est fondamentale car elle aboutit à deux sources d’autorité différentes pour l’établissement des croyances et des pratiques.

Pour les catholiques, l’Eglise interprète la Bible. Cette interprétation officielle est ce que l’on appelle le magistère, qui énumère ce que chaque catholique doit croire et faire.

Pour les protestants, c’est le principe du libre-examen qui prime. Chaque croyant interprète lui-même la Bible et déduit de son interprétation ce qu’il doit croire et faire. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir de spécialistes, les théologiens, mais ces derniers n’ont qu’une autorité « consultative ».

Conclusion

En conclusion, je dirais qu’il faut avant tout retenir que c’est l’ecclésiologie, c’est-à-dire la manière dont on conçoit l’Eglise, qui distingue les trois grandes confessions chrétiennes.

Cette différence est fondamentale car elle pose la question de l’autorité : Qui a autorité pour définir les croyances et les pratiques ? De cette différence découle toutes les autres différences de croyances que je présenterai plus en détail dans de prochains articles.

Note

(1) Jean-Paul II, Catéchisme de l’Eglise catholique, § 873-881.

A propos David Vincent 300 Articles
Né en 1993, David Vincent est chrétien évangélique et doctorant en sciences religieuses à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (#GSRL). Ses recherches portent sur l’histoire de la théologie chrétienne et de l’exégèse biblique, les rapports entre théologie et savoirs profanes, et l’historiographie confessionnelle. Il est membre de l’association Science&Foi et partage ses travaux sur son blog et sa chaîne Youtube.