Le terme de « sacrement » est très employé dans certains milieux chrétiens, surtout dans les Eglises multidinistes (catholiques, orthodoxes, luthériens etc.) En revanche, il est souvent ignoré, voire même mal vu, dans les Eglises évangéliques.
De mon côté, je trouve que c’est un terme théologique très pertinent et, à l’avenir, je l’emploierai fréquemment. C’est pour cela que je souhaitais faire un court article pour le définir.
Les sacrements dans les différentes confessions
Le terme de « sacrement » est employé par de nombreux chrétiens, mais tous ne lui donnent pas le même sens. Le Catéchisme de l’Eglise catholique (§1131) donne la définition suivante :
« Les sacrements sont des signes efficaces de la grâce, institués par le Christ et confiés à l’Eglise, par lesquels la vie divine nous est dispensée. Les rites visibles sous lesquels les sacrements sont célébrés, signifient et réalisent les grâces propres de chaque sacrement. Ils portent fruit en ceux qui les reçoivent avec les dispositions requises »
Le catholicisme reconnaît sept, et uniquement sept sacrements, auxquels il peut adjoindre des sacramentaux. Les protestants reprennent en général cette liste, mais réduisent le nombre des sacrements à deux : le baptême et l’Eucharistie (appelé souvent la Cène). Par ailleurs, ils insistent sur le fait que ces sacrements ne sont que des « signes » qui témoignent de la foi, mais qu’ils n’ont aucune efficacité en eux-mêmes. La grâce est directement donnée par Dieu. Certains théologiens réformés considèrent cependant que les sacrements peuvent aussi être des « sceaux » qui authentifient la promesse signifiée par le sacrement.
Les orthodoxes, quant à eux, reconnaissent dans les sacrements « des actes rituels sacrés destinés à la sanctification des hommes ». Traditionnellement, l’Eglise orthodoxe ne se limite pas à un nombre précis de sacrements, même si certains théologiens ont fini par accepter la position de l’Eglise latine et ont adopté la liste des sept sacrements, qu’ils allongent parfois.
Ma définition des sacrements
De mon côté, je définis le sacrement comme « une action visible qui, en manifestant une réalité invisible, nourrit la foi des disciples de Jésus, témoigne de l’espérance de l’Eglise du Christ et contribue à l’avancement du Royaume de Dieu. »
Les sacrements ne sont donc pas limités à une liste précise, et plutôt courte, mais peuvent désigner de nombreuses actions. Par ailleurs, bien que le sacrement ait une réalité propre en lui-même, on ne peut pleinement bénéficier de ses effets que si on le saisit par la foi. Le sacrement a donc à la fois une valeur objective et une valeur subjective.
Le but du sacrement
Le sacrement répond à une nécessité précise : manifester sur Terre ce qui est déjà accompli au ciel. Dès avant la fondation du monde, Dieu a élaboré un plan pour l’humanité, mais ce plan inclut la libre coopération de l’homme qui doit répondre à son appel, c’est l’élection.
Un sacrement est un acte de foi qui montre que nous acceptons de répondre à l’appel de Dieu et qui témoigne du fait que nous souhaitons ajuster notre volonté à Sa Volonté. Parce que nous vivons dans un monde matériel, il est nécessaire que les réalités spirituelles soient aussi manifestées matériellement. Ces réalités spirituelles dépendent de Dieu, mais leur manifestation matérielle a été confiée à l’homme.
C’est pour cela que l’on peut dire que la vie de Jésus est le plus grand des sacrements, car elle manifestait continuellement la volonté du Père aux yeux des hommes.
L’acteur du sacrement
Dans la théologie catholique ou orthodoxe, c’est le ministre sacerdotal (évêque ou prêtre) qui accomplit les sacrements (1). On peut garder cette idée, en précisant cependant que d’un point de vue protestant, tous les croyants sont des ministres sacerdotaux.
En somme, nous accomplissons une action sacramentelle dès lors que par notre action matérielle, nous manifestons consciemment une réalité spirituelle.
Quelques exemples de sacrements
Pour terminer, j’aimerais donner quelques exemples de sacrements, que je développerai dans de prochains articles. On peut en distinguer différents types:
- Certaines actions étaient connues dès l’origine, mais leur caractère sacramentel n’a été révélé que plus tard. Le meilleur exemple est celui du mariage.
- Certains anciens sacrements ont pu être remplacés lors la venue de Jésus par de nouveaux sacrements. C’est le cas par exemple de la circoncision qui est remplacée par le baptême ou de l’agneau pascal qui est remplacé par l’Eucharistie.
- Si certains sacrements sont internes à l’Eglise, d’autres sont plutôt tournés vers l’extérieur : guérir les malades, chasser les démons, etc.
- Enfin, la vie de Jésus est elle-même un sacrement, et j’ajouterai même le sacrement ultime. J’ai développé ce sujet dans le troisième chapitre de mon livre Sauvés par sa vie.
Conclusion
En conclusion, j’aimerais reprendre la définition que j’ai proposée : « un sacrement est une action visible qui, en manifestant une réalité invisible, nourrit la foi des disciples de Jésus, témoigne de l’espérance de l’Eglise du Christ et contribue à l’avancement du Royaume de Dieu. » et insister sur le fait que, de mon point de vue, toute action matérielle qui manifeste consciemment une réalité spirituelle est un sacrement.
Note
(1) : Il y a cependant deux exceptions dans la théologie catholique. La première, constante, est celle du mariage. Dans ce cas, on considère que ce sont les époux qui se donnent mutuellement ce sacrement. La deuxième est une mesure d’exception. En cas cas d’extrême nécessité (danger de mort) un laïc, et même un non-catholique, peut administrer le baptême.