Supplique au sujet des chrétiens et Traité sur la résurrection (Athénagore d’Athènes)

Je continue ma série d’introduction aux Pères de l’Eglise avec Athénagore d’Athènes. Je précise, pour éviter toute confusion, que cet article est une présentation historique de l’œuvre d’un auteur, qui ne reflète pas nécessairement mes idées sur les sujets abordés. Je partage mes propres opinions sur ces questions dans d’autres articles.

Athénagore d’Athènes

Athénagore d’Athènes est un apologète chrétien de la seconde moitié du deuxième siècle. Son nom a été presque complètement oublié des auteurs anciens, puisqu’il n’est mentionné que par Méthode d’Olympe et Philippe de Sidè, que je présenterai dans de prochains articles. Il est surtout redécouvert à la Renaissance où il devient très populaire. Bossuet, par exemple, le tenait en haute estime.

Nous possédons de lui deux ouvrages : Supplique au sujet des chrétiens et Sur la résurrection des morts, qui ont été réunis dans un même volume de la collection « Sources chrétiennes ».

Supplique au sujet des chrétiens

Le but de la supplique est de demander à l’empereur que l’on cesse de mettre à mort les chrétiens pour le simple fait qu’ils soient chrétiens. En effet, comme je l’ai évoqué dans un article précédent, depuis Trajan, le simple nom de chrétien pouvait vous faire condamner à mort. Athénagore veut montrer que cette mesure est injuste, car les chrétiens ne sont pas nuisibles à l’Empire bien au contraire.

Les trois accusations dont étaient victimes les chrétiens étaient celles d’athéisme, d’anthropophagie et d’inceste. Athénagore expose les croyances et les pratiques chrétiennes pour réfuter ces calomnies. La supplique est donc composée de deux grandes parties, après un bref exorde (1-3), l’auteur compare d’abord la religion chrétienne à la religion païenne (4-30), puis la morale chrétienne à la morale païenne (31-36), enfin il termine par une conclusion (37).

Sur la résurrection des morts

Le deuxième traité, qui fait probablement suite à la supplique, est d’un autre ordre, puisqu’il s’agit cette fois de défendre intellectuellement une doctrine chrétienne, en l’occurrence la résurrection des morts.

Le cœur de l’argumentation est résumé dans un paragraphe :

« Si donc l’Artisan de cet univers a créé l’homme pour qu’il ait part à une vie sensée et pour que, devenu spectateur de sa générosité et de sa sagesse en toute chose, il perdure éternellement dans leur contemplation, selon son propre dessein et selon la nature qu’Il lui a attribuée, la cause de la création de l’homme garantit la vie éternelle, et la vie éternelle garantit la résurrection, sans laquelle l’homme ne saurait perdurer en tant que tel. De ces considérations, il ressort que la création et le dessein du Créateur sont des preuves manifestes de la résurrection. » (1)

La doctrine d’Athénagore

Athénagore se présente lui-même comme un philosophe et on voit qu’il a les croyances des lettrés grecs de son temps, en particulier il accepte la sphéricité de la Terre (2). Comme Aristide, il considère que Dieu ne peut pas être en colère (3).

Enfin, concernant le mariage, Athénagore mentionne notamment le fait que pour les chrétiens son seul but est la procréation (4). Je souligne cela, car je commencerai prochainement une série sur la théologie du mariage et de la sexualité.

Notes

(1) Athénagore d’Athènes, Sur la résurrection des morts, 12, 5.

(2) Athénagore d’Athènes, Supplique au sujet des chrétiens, 16, 1.

(3) Athénagore d’Athènes, Supplique au sujet des chrétiens, 21, 1.

(4) Athénagore d’Athènes, Supplique au sujet des chrétiens, 13.

Bibliographie

Athénagore, Supplique au sujet des chrétiens et Sur la résurrection des morts, (trad. fr. B. Pouderon), Paris, Le Cerf, 1992.

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A propos David Vincent 300 Articles
Né en 1993, David Vincent est chrétien évangélique et doctorant en sciences religieuses à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (#GSRL). Ses recherches portent sur l’histoire de la théologie chrétienne et de l’exégèse biblique, les rapports entre théologie et savoirs profanes, et l’historiographie confessionnelle. Il est membre de l’association Science&Foi et partage ses travaux sur son blog et sa chaîne Youtube.