Traditionnellement, on a l’habitude de séparer le christianisme en différentes confessions (catholique, protestante et orthodoxe). Toutefois, je pense que depuis quelques années on assiste à l’apparition d’un autre type de distinctions qui, à terme, prendra plus d’importance que ce découpage traditionnel. Il y a en effet selon moi trois grandes formes de christianisme : le christianisme confessionnel, le christianisme libéral et le christianisme confessant.
Proposition de typologie
Le christianisme confessionnel
Le christianisme confessionnel est centré sur la division confessionnelle traditionnelle. Ce qui compte c’est avant tout notre appartenance confessionnelle (catholique, protestante ou orthodoxe), voire même dénominationelle chez les protestants (baptiste, pentecôtiste, luthérien, réformé, etc.).
Les points de divisions sont considérés comme plus importants que les points d’accords. Dans sa forme, la plus extrême, le confessionnalisme conduit à considérer que les chrétiens membres d’une autre confession ne sont pas réellement chrétiens ou ne sont pas sauvés. C’était par exemple la position officielle de l’Eglise catholique romaine jusqu’à Vatican II et c’est toujours la position de certaines Eglises orthodoxes ou protestantes.
Le christianisme libéral
Le terme de « libéral » peut désigner des réalités très diverses et être employé de manière positive, par des gens qui se revendiquent « libéraux », ou négative, par des gens qui dénoncent le libéralisme.
De mon côté, je définis le libéralisme comme un courant chrétien qui se revendique de l’enseignement Jésus tout en ayant abandonné un ou plusieurs points historiques de la foi (souvent la résurrection physique, parfois même la croyance en Dieu). Soit qu’il ne croit plus lui-même, soit qu’il ne juge pas nécessaire d’y croire.
Aujourd’hui, les chrétiens libéraux sont souvent déistes, agnostiques voire même athées. Toutefois, ils continuent à se situer eux-mêmes dans un référentiel chrétien. Le libéralisme est issu de la modernité et est apparu suite aux développements des différentes sciences qui ont miné la croyance théiste traditionnelle.
Le christianisme confessant
Enfin, il existe un troisième type de christianisme que j’appellerai « confessant ». Pour un chrétien confessant, l’essentiel de la foi est résumé dans les règles de foi énoncées par les premiers Pères de l’Eglise. Les articles de foi sont l’existence d’un Dieu créateur, l’Incarnation de son Verbe en la personne de Jésus, la mort, la résurrection et le retour de Jésus.
Bien sûr, au-delà de ces points les chrétiens confessants ont des avis sur les autres questions doctrinales. Mais ils estiment que les différences sont moins importantes que les points communs. Cela ne veut pas dire que les différences soient nécessairement moins nombreuses, mais les points communs sont tellement importants, puisqu’ils concernent Dieu et Jésus, qu’ils l’emportent finalement sur ces différences.
Positionnement personnel
De mon côté, je me situe clairement dans la troisième catégorie. Ainsi, si je suis protestant évangélique, je me revendique avant tout chrétien et je considère que c’est cet adjectif qui est central pour définir mon identité. J’aimerais terminer en évoquant les deux raisons qui m’ont conduit à cette position.
1) Premièrement, cela repose sur la conviction que les croyances chrétiennes fondamentales, centrées sur Dieu et la personne de Jésus, sont tellement plus importantes que toutes les autres doctrines, que l’accord sur ces points là, l’emportera toujours sur les désaccords sur les autres points.
2) Deuxièmement, il existe entre les chrétiens des différences confessionnelles et des différences non-confessionnelles. Les différences confessionnelles sont souvent les plus visibles, mais je pense que les différences non-confessionnelles sont les plus décisives car elles touchent à des sujets bien plus importants.
Par exemple, comment comprendre le sacrifice de Jésus ? Cette question est pour moi absolument fondamentale et c’est l’objet de mon premier livre Sauvés par sa vie. Or, c’est une différence non-confessionnelle, car il y a des catholiques, des protestants et des orthodoxes qui peuvent être en accord avec mes propos. Réciproquement, il peut aussi y avoir des catholiques, des protestants et des orthodoxes en désaccord avec mes propos. On peut aussi évoquer l’eschatologie, qui sera l’objet de mon prochain livre. Cette question est centrale car elle définit notre espérance et conditionne notre action dans le monde. Or, là encore, il peut y avoir des personnes de toutes confessions en accord et en désaccord avec moi.
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