Affaire Claude Ignerski : Enfin une prédiction accomplie !

Depuis un certain temps, une personne prédisait le retour de Jésus pour le 13 ou 14 septembre 2015, avant de finalement annoncer ce retour pour le mardi 15 septembre.

Dans une chronique publiée sur le site actu-chrétienne et écrite le 15-16 septembre, j’avais évoqué « l’après-démenti ». Quelle serait la réaction de l’auteur de cette fausse prédiction après avoir constaté son échec ?

Une prédiction accomplie

En m’appuyant sur les études universitaires menées sur des cas similaires, j’avais prédit que, loin de reconnaître son erreur, Claude Ignerski (car c’est de lui qu’il s’agit) allait au contraire persévérer dans celle-ci et chercher à se justifier. Pour cela j’avais même proposé trois « étapes »

a) Trouver des conséquences positives à son erreur et accuser ses détracteurs

b) Justifier son erreur en expliquant pourquoi il s’était trompé

c) Proposer une nouvelle date

Et bien je peux vous l’annoncer : Cette prédiction s’est officiellement accomplie le samedi 19 septembre en milieu de matinée. En effet, c’est à cette date que Claude Ignerski a mis en ligne une nouvelle vidéo intitulée : « Vierges folles ou vierges sages ? L’Epoux vient ! (partie 11) »

Dans cette vidéo, l’orateur suit scrupuleusement les trois étapes que je viens d’évoquer. Je vous en propose une brève analyse.

Claude Ignerski suit « la méthode Vincent »

Première partie : trouver des conséquences positives à son erreur et accuser les détracteurs.

Sur les 41 minutes que dure cette vidéo, plus de la moitié est consacrée à cette première partie. Ainsi, on apprend que ceux qui ont dénoncé ses fausses prédictions ne sont que des «loups » (2min 20) qui « jalousent son ministère » (2 min 50).

Il insiste ensuite sur le fait qu’en moins d’un an, il a fait entré des milliers de convertis dans la « véritable Eglise », ce qui est, d’après ses dires, le « plus grand réveil prophétique depuis des années » (3min 50). C’est exactement la justification que j’avais prévu, même si je ne pensais pas qu’il irait jusqu’à qualifier cela de « plus grand réveil prophétique »…

Quant à l’échec de la prophétie, c’est en réalité une ruse de Dieu pour dévoiler les cœurs de chacun (8 min 50) ! Enfin, Claude Ignerski n’oublie pas ses anciens adeptes qui ont eu la sagesse de reconnaitre leurs erreurs, puisqu’il les invite à se repentir (9min 20).

Claude Ignerski 2

Deuxième partie : Expliquer l’erreur

Au vu de la méthode, j’avais émis l’hypothèse d’une justification à partir d’une erreur de calendrier et… bingo.

Dans cette nouvelle vidéo, Claude Ignerski nous explique que « le Seigneur lui a caché volontairement un détail très important pour servir Ses Desseins » (20min 50) et qu’il a en fait oublier de tenir compte des jours de décalage entre le calendrier julien et le calendrier grégorien (21 min 16) … tout s’explique !

Enfin la dernière étape : donner une nouvelle date.

Claude Ignerski insiste « Personne ne l’empêchera de chercher une date pour le retour de Jésus » (38min 30) et il ne manque pas de nous rappeler que le Seigneur revient en 2015 (23 min 40) et qu’en comptant les jours de décalage, il faut en fait attendre ce retour pour le 24 ou le 25 septembre 2015 (12 min 20 et 22min 35).

Un acharnement ?

Avant de conclure, j’aimerai revenir sur un dernier point. Claude Ignerski dans cette vidéo se fait passer pour une victime et reproche aux chrétiens de s’acharner sur lui et de manquer de charité. Personnellement, je n’ai rien contre lui. Toutefois je pense que son enseignement est extrêmement dangereux dans ses conséquences et qu’il est trop facile de se faire passer pour une victime et d’accuser les autres. A cette occasion, j’aimerais rajouter un fait que je n’avais pas évoqué dans ma chronique précédente à propos des prédictions de William Miller.

Parmi ceux qui avaient cru à sa prédiction, il y avait beaucoup de paysans. Certains d’entre eux, persuadés que la fin du monde allait arriver en 1843, n’ont, cette année là (en 1843), pas pris le temps de semer pour l’année suivante. D’autres, qui avaient déjà semé, ont jugé qu’il ne fallait pas récolter, car ce serait un acte d’incrédulité de leur part. Les réserves de nourritures pour terminer l’année étaient suffisantes et amasser une récolte, ce serait montrer que l’on ne croit pas que Jésus reviendrait en 1843.

Nul besoin d’expliquer que le démenti de cette prédiction a mis tous ces gens dans un grand embarras moral, mais aussi matériel ! Certains adeptes millérites avaient aussi vendu leurs biens et quitté leur emploi pour consacrer tout leur temps et leur argent à diffuser cette prédiction.

Si j’évoque cela, c’est que cette situation se reproduit à chaque fausse prédiction et celle dont nous parlons n’a pas dérogé à la règle. Même s’il est encore un peu tôt pour faire un bilan, j’ai déjà reçu plusieurs témoignages d’anciens adeptes ou de leurs proches qui font état de cela.

Conclusion

En conclusion, face à l’obstination de Claude Ignerski, il n’y a pas grand-chose à faire, sinon attendre. Attendre jusqu’au 26 septembre 2015 d’abord, puis jusqu’au 1er janvier 2016 ensuite. Jour après jour, toutes les dates annoncées passeront sans que ses prédictions ne se réalisent et on peut espérer que ses adeptes finiront par se résigner et reconnaître leur erreur. Malheureusement, d’ici là, cette fausse prédiction aura fait beaucoup de dégâts.

Enfin, il faut rappeler, comme je l’avais déjà fait dans un article précédent, que toutes ces fausses prédictions ne sont finalement que les conséquences du futurisme (aussi appelé « eschatologie pessimiste »). Je vous invite donc vivement à découvrir l’autre alternative : le prétérisme (aussi appelé « eschatologie optimiste »), que je développe dans ma série sur la fin des temps : Les chrétiens et la fin du monde. Un résumé des principales différences entre ces deux doctrines est disponible dans mon article de conclusion : Disciples de Jésus, quelle est notre espérance eschatologique ?

A propos David Vincent 300 Articles
Né en 1993, David Vincent est chrétien évangélique et doctorant en sciences religieuses à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (#GSRL). Ses recherches portent sur l’histoire de la théologie chrétienne et de l’exégèse biblique, les rapports entre théologie et savoirs profanes, et l’historiographie confessionnelle. Il est membre de l’association Science&Foi et partage ses travaux sur son blog et sa chaîne Youtube.