Disciples de Jésus : quelle est notre espérance eschatologique ?

La fin des temps est un sujet très vaste et je ne prétends pas avoir fait le tour de la question, loin de là ! J’aimerais toutefois conclure (provisoirement) cette série en vous proposant une première synthèse.

Pour terminer cette série sur la fin des temps, je résumerai tout d’abord ma position en quelques phrases clefs. J’expliquerai ensuite pourquoi cette doctrine m’apparaît décisive pour la vie chrétienne.

Résumé de ma position : ce que je crois, ce que je cherche

Pessimisme ou optimisme ?

L’eschatologie est certainement un des champs doctrinaux où les divisions sont les plus nombreuses parmi les évangéliques. Toutefois les différentes positions peuvent selon moi se répartir en deux catégories : l’eschatologie pessimiste et l’eschatologie optimiste, la première étant largement majoritaire dans le monde évangélique contemporain.

C’est d’ailleurs dans des Eglises véhiculant ce type de doctrines que j’ai moi-même été élevé et c’est cette approche pessimiste (pour ne pas dire catastrophiste !) qui m’a été enseigné.

Toutefois, durant mon cheminement personnel, différents évènements, et notamment mes études d’histoire, m’ont convaincu que ce pessimisme eschatologique n’a aucun fondement.

Si je devais maintenant résumer ma vision de l’histoire, je citerai la prophétie de Daniel 2. Le Royaume de Dieu est appelé à une croissance continuelle et Jésus reviendra une fois que celui-ci sera arrivé à maturité, quand son Epouse sera prête.

Ce que je crois

Je vais maintenant récapituler en quelques phrases clefs, les principales idées développées tout au long de la série. N’hésitez pas à consulter les différents articles pour avoir plus d’informations.

-Jésus ne reviendra pas pour changer le monde. Il attend que le monde ait changé pour revenir.

-Le Royaume de Dieu et les sociétés terrestres sont deux réalités distinctes, mais en interaction. La croissance du Royaume de Dieu au cours de l’histoire améliore la cité terrestre. Nos sociétés ne se détériorent pas, elles progressent.

-Les prophéties bibliques qui annoncent une catastrophe se référaient à la destruction de l’Ancienne Alliance et elles se sont accomplies (ou non) en l’an 70 après J.-C.
-La grande tribulation est la guerre des Judéens qui a eu lieu entre 66 et 73 après J.-C.

-La Babylone de l’Apocalypse représente la Jérusalem hérodienne qui a fait alliance (s’est prostituée) avec l’Empire romain (la Bête). Sa chute a eu lieu en 70.

Ce que je cherche

Au delà de ces points que je considère personnellement comme acquis, même si je n’exclus pas de changer d’avis, d’autres questions demeurent encore en réflexion.

Que signifie le nombre 666 ? Qui est l’homme impie évoqué par Paul ? S’agit-il d’un homme précis ou d’une fonction ? Comment comprendre le texte d’Apocalypse 12 ?

Si certains d’entre vous ont des suggestions, ils peuvent les partager en commentaire sous cet article.

Espérance et eschatolgoie 2

Qu’est-ce que ça change ?

Cette vision (l’eschatologie optimiste) change radicalement notre perspective et par conséquent notre comportement. Notre vision n’est plus centrée sur nous-même et notre propre sanctification mais sur la sanctification du monde.

Si le monde est appelé à une fin catastrophique, à quoi bon vouloir le changer ? A quoi bon espérer un avenir meilleur ? Au contraire, si nous pensons que le Royaume de Dieu est appelé à croître, nous nous engagerons plus volontiers pour contribuer au changement et à l’amélioration de notre société.

En disant cela je ne minimise pas la conversion personnelle. Bien au contraire, elle reste la base indispensable à l’avancement du Royaume. Mais je n’en fais pas non plus une fin en soi. Nous sommes appelés à être le sel de la Terre, c’est à dire que nous devons être utile au monde. Nous ne sommes pas appelés à nous retrancher dans une citadelle (« l’Eglise ») en attendant le retour de Jésus que nous pensons imminent.
D’ailleurs, au risque de décevoir beaucoup de chrétiens, je ne pense pas que ce retour soit imminent, car l’Epouse est loin d’être prête.

Avant de monter au ciel, Jésus a confié une mission à ses disciples. En devenant à notre tour ses disciples, nous devenons aussi les héritiers de cette mission. Tant que cette mission ne sera pas remplie, Jésus ne reviendra pas.

Or, si je regarde le monde autour de moi, je constate que cette mission est loin d’être remplie. Contrairement à beaucoup d’évangéliques, je ne me réjouis donc pas des catastrophes en pensant qu’elles annoncent le retour imminent de Jésus. Au contraire, toutes les mauvaises nouvelles que nous pouvons entendre (les guerres, etc.), nous rappellent que, 2000 ans après, l’Eglise est encore loin, très loin, d’avoir accompli ce que Jésus attend d’elle.

Conclusion
Ces propos ne sont pas pessimistes, bien au contraire. Lorsque j’étudie l’histoire, je vois tout le chemin qui a été parcouru. Ainsi, même s’il reste beaucoup à faire, beaucoup a déjà aussi été fait par nos prédécesseurs.

En tant que chrétiens, nous devons obéir à l’ordre de Jésus et contribuer à l’avancement du Royaume de Dieu. Toutefois, notre obéissance n’est possible que si notre espérance est correcte.

Si nous attendons une fin du monde catastrophique, alors nous ne ferons rien pour que cela change. Si au contraire nous espérons une fin glorieuse, alors nous nous mettrons en action pour atteindre ce but.

« Puis Jésus dit au centenier: Va, qu’il te soit fait selon ta foi. » Matthieu 8 : 13.

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Sommaire de la série :

Les chrétiens et la fin du monde

Article précédent :

Apocalypse 17 et 18 : La grande prostituée et la Bête (2e partie)

 

A propos David Vincent 300 Articles
Né en 1993, David Vincent est chrétien évangélique et doctorant en sciences religieuses à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (#GSRL). Ses recherches portent sur l’histoire de la théologie chrétienne et de l’exégèse biblique, les rapports entre théologie et savoirs profanes, et l’historiographie confessionnelle. Il est membre de l’association Science&Foi et partage ses travaux sur son blog et sa chaîne Youtube.