La correspondance de Cyprien, pape de Carthage

Cyprien de Carthage

Cyprien est né à la fin du deuxième siècle ou au début du troisième siècle. Il se convertit au christianisme dans les années 240, alors qu’il a environ 40 ans. Il est issu de l’aristocratie locale et son choix surprend son entourage. Le christianisme est en effet souvent méprisé par les élites et beaucoup de calomnies circulent à propos des chrétiens.

Toutefois, son zèle pour la foi et sa culture lui permettent d’occuper très vite une place importante au sein de la communauté chrétienne locale. Il est d’abord nommé prêtre, avant d’être élu évêque de Carthage. Cette position l’oblige à se cacher durant la persécution de Dèce, en 250-251. Il revient à Carthage à la fin de la persécution et poursuit son ministère pendant 7 ans. En tant qu’évêque de Carthage, il est le primat d’Afrique du Nord, mais son prestige personnel dépasse largement cette région. Ses correspondants, y compris les membres du clergé romain, le qualifient régulièrement de « pape ». Ainsi, la lettre 30 commence avec la salutation suivante :

« Au pape Cyprien, les prêtres et les diacres siégeant à Rome, salut. »

et se termine ainsi :

« Nous souhaitons, bienheureux et très glorieux pape, que tu te portes bien dans le Seigneur et que tu te souviennes de nous. »

Il est finalement arrêté lors de la persécution de Valérien et mis à mort. Il deviendra après sa mort le martyr le plus populaire de la chrétienté nord-africaine.

La Correspondance

Nous possédons de lui plusieurs traités, que je présenterai dans de prochains articles, mais aussi une correspondance. Nous avons en effet conservé 81 lettres. 58 ont été écrites par lui, 6 sont des lettres collectives, 14 des lettres reçues. A ces 79 lettres, il faut ajouter deux lettres rédigées par des confesseurs en lien avec une affaire traitée par Cyprien.

Les trois grands thèmes de ces lettres sont le fonctionnement de l’Eglise, la réconciliation des lapsis, c’est-à-dire des chrétiens qui ont chuté durant les persécutions, et le baptême des hérétiques.

Concernant le fonctionnement de l’Eglise, Cyprien défend un modèle monoépiscopal strict. Chaque Eglise locale est dirigée par un évêque, assisté d’un presbyterium. La communion de l’ensemble des évêques forme l’Eglise universelle (catholique).

Pour la réconciliation des lapsis, Cyprien soutient Corneille, l’évêque de Rome qui doit affronter un parti rigoriste qui refuse à l’Eglise la possibilité d’accorder cette réconciliation. Pour le baptême des hérétiques, en revanche, Cyprien s’est vivement opposé au successeur de Corneille, Etienne. L’Eglise romaine considérait en effet que le baptême accordé par les hérétiques était valide, tandis que les Eglises nord-africaines ne reconnaissaient comme valides que les sacrements conférés au sein de l’Eglise catholique.

Outre ces grands thèmes, ces lettres nous fournissent un certain nombre de renseignements sur les doctrines et les pratiques de l’Eglise nord-africaine de ce temps, concernant par exemple l’eucharistie, la prière pour les morts ou le canon biblique. Je présenterai quelques uns de ces éléments dans de prochains articles.

Bibliographie

Cyprien de Carthage, Correspondance, (trad. M. Poirier), Paris, J.-P. Migne, 2015.

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A propos David Vincent 300 Articles
Né en 1993, David Vincent est chrétien évangélique et doctorant en sciences religieuses à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (#GSRL). Ses recherches portent sur l’histoire de la théologie chrétienne et de l’exégèse biblique, les rapports entre théologie et savoirs profanes, et l’historiographie confessionnelle. Il est membre de l’association Science&Foi et partage ses travaux sur son blog et sa chaîne Youtube.