Après avoir adressé les lois noahides à l’ensemble de l’humanité, Dieu va poursuivre l’éducation de l’homme en choisissant un peuple en particulier pour servir de modèle aux autres peuples. C’est ce qu’on appelle «l’élection ». Cette élection se fait sur quatre générations, à l’époque des patriarches.
Abraham, le premier des patriarches
Le premier des patriarches est Abraham. Son autorité est reconnue par les trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam). Jésus et Paul se réfèrent particulièrement à Abraham qui est le « père de la foi ». Abram reçoit une promesse de la part de Dieu :
« L’Eternel dit à Abram : Va-t-en de ton pays, de ta patrie, et de la maison de ton père, dans le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. » (Genèse 12 : 1-3)
Cette promesse est grandiose, mais elle est soumise à une condition : Abram devait obéir à Dieu et quitter sa patrie et la maison de son père. Contrairement à Adam et Eve, Abram obéit à Dieu, et celui-ci renouvela sa promesse :
« L’Eternel dit à Abram, après que Lot se fut séparé de lui : Lève les yeux, et, du lieu où tu es, regarde vers le nord et le midi, vers l’orient et l’occident ; car tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. Je rendrai ta postérité comme la poussière de la terre, en sorte que, si quelqu’un peut compter la poussière de la terre, ta postérité aussi sera comptée. Lève-toi, parcours le pays dans sa longueur et dans sa largeur ; car je te le donnerai. » Genèse 13 : 14-17
Mais quelle est cette postérité ? L’apôtre Paul est très clair :
« Or les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité. Il n’est pas dit : et aux postérités, comme s’il s’agissait de plusieurs, mais en tant qu’il s’agit d’une seule : et à ta postérité, c’est-à-dire, à Christ. » Epître aux Galates 3 : 16
Il n’y a donc pas à chercher d’autres postérités, la seule postérité d’Abraham est Christ. Ainsi, nous voyons que la venue de Jésus était déjà annoncée dans ce passage. Mais revenons au texte.
Isaac et Ismaël, les deux fils d’Abraham
Abram, qui devint par la suite Abraham, a eu plusieurs fils, mais les deux plus connus sont Ismaël et Isaac. Le premier est le fils d’Agar, la servante d’Abraham. Le deuxième est le fils de Sara, la femme d’Abraham. Les deux fils étaient aimés par Abraham et ont été bénis par Dieu. Contrairement à ce qu’on entend parfois, Ismaël n’est pas du tout mal vu dans la Bible. Au contraire. Ismaël est un cadeau que Dieu a fait à Agar et son nom même est une promesse : « L’ange de l’Eternel dit à Agar : Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom d’Ismaël ; car l’Eternel t’a entendue dans ton affliction. » (Genèse 16:11). Ici, l’ange fait un jeu de mot car « Ismaël » en hébreu veut dire « Dieu écoute ». Par ailleurs, nous voyons plus tard qu’Ismaël est béni : « [L’ange dit à Agar :] Lève-toi, prends l’enfant [Ismaël], saisis-le de ta main ; car je ferai de lui une grande nation. » (Genèse 18 : 21)
Toutefois, Isaac est le seul fils légitime d’Abraham et c’est par lui que s’accompliront les promesses de Dieu. Par ailleurs, c’est une des plus grandes préfigurations de Jésus dans l’Ancien Testament. Il représente en effet le fils parfait, toujours obéissant à son père. Isaac n’épousera qu’une seule femme, chose rare à cette époque, Rebecca, de qui il aura deux fils : Jacob et Esaü. Isaac aimait le second, mais Rebecca préférait le premier.
Jacob et Esaü, les deux fils d’Isaac
A la génération suivante, nous retrouvons donc à nouveau deux fils : Jacob et Esaü. Sur ces deux fils, Dieu en choisit à nouveau un : Jacob.
Mais Jacob est bien différent de son père Isaac. Loin d’être un fils modèle, Jacob est une figure beaucoup plus complexe. Il n’hésite pas à acheter le droit d’ainesse, puis à manipuler et à tromper son père pour recevoir la bénédiction du fils ainé, qui appartenait pourtant à Esaü.
Cette tromperie engendre la haine de son frère et oblige Jacob à fuir loin de sa famille et à se réfugier chez son oncle Laban, le frère de sa mère. Il y restera vingt ans et épousera les deux filles de Laban, ses cousines, avant de finalement retourner chez lui. C’est au retour de cet exil forcé que Jacob change de nom et devient Israël :
« Jacob demeura seul. Alors un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore. Voyant qu’il ne pouvait le vaincre, cet homme le frappa à l’emboîture de la hanche ; et l’emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu’il luttait avec lui. Il dit : Laisse-moi aller, car l’aurore se lève. Et Jacob répondit : Je ne te laisserai point aller, que tu ne m’aies béni. Il lui dit : Quel est ton nom ? Et il répondit : Jacob. Il dit encore : ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël ; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur. Jacob l’interrogea, en disant: Fais-moi je te prie, connaître ton nom. Il répondit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Et il le bénit là. Jacob appela ce lieu du nom de Peniel : car, dit-il, j’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée. » Genèse 32 : 24-30
Les douze fils d’Israël
Enfin la quatrième génération de patriarches est constituée par les douze fils d’Israël, qui donneront directement leurs noms aux douze tribus d’Israël. Ces douze fils sont nés de la rivalité des deux sœurs qui se livreront à un véritable concours pour avoir le plus de fils, allant même jusqu’à donner leur propre servante à Jacob, pour qu’elles enfantent des fils à leur place.
Ces douze fils sont les ancêtres des Israélites, le peuple choisi par Dieu pour servir de modèle aux autres peuples de la Terre. Toutefois, un accouchement ne se fait jamais sans douleur et avant que le peuple d’Israël ne puisse véritablement naître, une dernière épreuve attendait les Israélites.
La montée des patriarches en Egypte
A la fin de la vie de Jacob une famine sévit dans le pays de Canaan, et toute la famille se réfugie en Egypte où l’un des frères, Joseph, était devenu « premier ministre ».
Pharaon autorise la famille de Jacob à s’installer en terre d’Egypte. Cet accueil très favorable, n’est cependant que momentané et quelques décennies après la mort de ce pharaon, les choses changent :
« Les enfants d’Israël furent féconds et multiplièrent, ils s’accrurent et devinrent de plus en plus puissants. Et le pays en fut rempli. Il s’éleva sur l’Egypte un nouveau roi, qui n’avait point connu Joseph. Il dit à son peuple : Voilà les enfants d’Israël qui forment un peuple plus nombreux et plus puissant que nous. Allons ! montrons-nous habiles à son égard ; empêchons qu’il ne s’accroisse, et que, s’il survient une guerre, il ne se joigne à nos ennemis, pour nous combattre et sortir ensuite du pays. Et l’on établit sur lui des chefs de corvées, afin de l’accabler de travaux pénibles. C’est ainsi qu’il bâtit les villes de Pithom et de Ramsès, pour servir de magasins à Pharaon. Mais plus on l’accablait, plus il multipliait et s’accroissait ; et l’on prit en aversion les enfants d’Israël. Alors les Egyptiens réduisirent les enfants d’Israël à une dure servitude. Ils leur rendirent la vie amère par de rudes travaux en argile et en briques, et par tous les ouvrages des champs : et c’était avec cruauté qu’ils leur imposaient toutes ces charges. » Exode 1 : 7-14
Conclusion
Cette épreuve très douloureuse fait néanmoins partie intégrante de l’éducation humaine. En effet, comme nous le verrons dans le prochain article, elle va permettre à Dieu de se manifester puissamment et va être l’origine de l’alliance entre Dieu et Israël.
Nous pouvons ici retenir une leçon importante. Lorsque nous passons par certains moments difficiles, il ne faut pas désespérer. Bien au contraire, Dieu peut se servir de ces moments pour se révéler à nous et affermir notre foi.