Lundi 4 décembre, je participais au colloque « Mise en œuvre des Ecritures 2 ». Mon intervention portait sur le dispensationalisme, son influence culturelle et ses conséquences politiques aux Etats-Unis. J’ai terminé mon exposé en évoquant la promesse de campagne de Donald Trump concernant le déplacement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. L’enjeu étant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël. Deux jours plus tard, mercredi 6 décembre, le président américain annonce officiellement la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et le début des préparatifs pour le déplacement de l’ambassade.
Politique étrangère
Tout d’abord, il est important de préciser que du point de vue diplomatique, cette décision n’est absolument pas favorable aux Etats-Unis. Elle n’apportera aucun progrès dans les relations internationales, mais créera au contraire des tensions avec les pays musulmans.
De plus, elle sert le discours de l’Iran, ce qui est là dangereux d’un point de vue stratégique. En effet, l’Iran est chiite, ce qui est un handicap géopolitique vis-à-vis du monde arabo-musulman majoritairement sunnite. Toutefois, en adoptant une ligne antisioniste radicale et en se présentant comme le principal défenseur du peuple palestinien, l’Iran arrive à améliorer son image, et donc son influence, auprès de la population musulmane, même d’obédience sunnite.
Le choix de Donald Trump ne s’explique donc pas par des raisons liées aux relations internationales. Pour comprendre cette décision, il faut se référer à la politique intérieure américaine.
Une affaire interne
Lors de la campagne électorale, Donald Trump, alors qu’il était en difficulté, a promis de déplacer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Cette promesse avait pour but de rallier le vote des sionistes chrétiens. Ce terme peut surprendre. En France, on associe souvent « juifs » et « sionistes », pourtant, aux Etats-Unis, les sionistes les plus influents ne sont pas juifs, mais chrétiens.
La principale organisation sioniste s’appelle Christians United For Israël. Elle compte plus de 3 millions de membres actifs et est dirigée par le pasteur John Hagee (en photo en haut de l’article). Leur adhésion au sionisme se fonde sur des motifs théologiques. Ils considèrent qu’en soutenant Israël, ils seront bénis (« sionisme de prospérité »). De plus, pour eux, ce sionisme est aussi l’accomplissement des prophéties bibliques (« sionisme eschatologique »).
Eschatologie et société
Cette actualité illustre bien l’importance de l’eschatologie, que j’évoquais en introduction de ma série sur le prétérisme.
Pour ceux qui souhaitent une explication plus détaillée, je renvoie à mon article sur le sionisme chrétien, ainsi qu’à ma conférence sur les conséquences politiques de l’interprétation des prophéties bibliques :